Portfolio
Envoyer un message

Interview de Fabien Queloz

Pouvez-vous vous présenter un peu, dire quelques mots sur votre parcours ?

Fabien Queloz, 40 ans, père, mari, passionné, impulsif et sensible. Basé en Suisse, mais j’ai la bougeotte. C’est trop petit ici, timide et la Suisse n’aime pas l’inattendu. Tout au long de ma vie, j’ai gravité autours d’activités liées à la Nature et aux Arts et en ai fait mes professions : jardinier, voyageur, musicien, papa, régisseur de théâtre, photographe. Je n’ai pas de parcours écolier classique en ce qui concerne la photographie, sauf des activités extrascolaires pour les préadolescents et aujourd’hui des stages réguliers. Sinon, un parcours classique de la génération argentique qui découvre le digital vers la trentaine. Puis revient au film…
Un récent événement est d’être touché par votre demande d’interview…

Quand, comment et pourquoi avez-vous commencé à faire de la photographie ?

La décision fut soudaine et tranchée. Je m’investis parfois de « missions passionnelles » dans ma vie qui peuvent surprendre mon entourage. Ce fut le cas avec la photographie féminine et le nu artistique. L’origine ukrainienne de mon épouse m’a amené à de nombreux voyages et rencontres à l’Est, et la disponibilité de nombreux somptueux modèles m’ont donné le coup d’envoi.
Tout à été rendu possible grâce au soutien de ma femme Anya, traductrice, assistante, manager, modèle, styliste, maquilleuse (de profession aujourd’hui) et j’en passe... Une année d’intenses travaux et de nombreux shootings ; je travaillais encore à plein temps dans le spectacle à ce moment et développais alors le soir et de nuit… J’ai soudain quitté ce très beau poste de régie générale dans un théâtre, début 2012. Une décision absolue, une dévotion à rendre hommage au monde de la Femme. Une quête d’art au travers de la sensualité et de la féminité.

Qu'appréciez-vous dans ce moyen d'expression ?

J’aime composer. Dans le sens large du terme. J’aime composer une œuvre et transmettre ce que mes yeux admirent, ce qui est sensuellement beau à mon cœur. Je suis le plus souvent réaliste et simple dans mes travaux et la photographie me permet de créer des images qui le sont également. J’aime les photos sans artifices ni trop de retouches (voire une totale absence depuis mon retour à l’argentique) car c’est un moyen d’expression de ce réel qui est autour de et en moi. Un moyen d’exprimer ma reconnaissance et mon admiration du corps féminin et de ses secrets. Quand ce n’est pas aussi tout simplement avec franchise, sans barrières ni tabous, dans un nu frontal. La photographie me permet cette transcription directe. Lorsque je compose et cherche mon cadre, regarde glisser et place cette lumière sur les courbes et visages, c’est un moment particulier qui me rend heureux : j’ai l’honnête sécurité que cette création et cette beauté (qui n’existera qu’une seule fois telle quelle) ne seront jamais perdues. Vient ensuite la merveilleuse envie du partage avec autrui. Je pense que trop d’entre nous ont perdu la réelle notion de ce qu’est la photographie en réalité et de son miracle. Ceci dû aux avances technologiques. Que je sois « vieux jeu » ou non m’importe peu, car je suis aussi éphémère que le seront les techniques avec lesquelles j’ai travaillé dans ma si courte vie. Mais photographier me rend vivant.

Quels sont les thèmes que vous aimez photographier ?

La Femme en tout particulier, les gens en général. Quant à la Nature, elle est mon guide mais je préfère la contempler et la vivre. Une alliance idéale est donc une Femme nue en Nature.
Ce thème me touche. Me paraît indissociable. Je décline mon regard sur la femme dans différents thèmes, expressifs en portraits, artistiques en nus plus classiques, et parfois - trop rarement – dans un érotisme doux et espiègle. La sensualité et l’érotisme sont parfois et trop souvent mal compris. Refoulés en fait.
Nous nous cachons. Nous avons toutes et tous nos propres approches, fantasmes et vécus. J’aime l’exprimer au travers de ma photographie. Je suis extrêmement reconnaissant à tous les modèles qui m’ont permis de le faire et m’ont fait confiance, m’offrant ce magnifique cadeau.

Que cherchez-vous à partager au travers de votre photographie ?

C’est plutôt intime, ce genre de partage... En temps qu’artiste, on se cherche autant que l’on cherche à mettre en avant ses œuvres. Sans parler de mon travail mais bien du sujet, de l’instant, je suis à chaque fois conscient de la Beauté ; « ne trouvez-vous pas cela beau aussi ? » J’aime faire plaisir et partager. Voici mon regard, sans prétention ou attente. Je fâche, je surprends, j’agace ou je rends heureux ; ma photographie est juste une grande porte à ouvrir sur mon petit monde. On y entre ou pas, au choix.

Quelle est votre conception de la sensualité ?

Pour répondre honnêtement à cette question, je ne vais pouvoir le faire que depuis ma propre position masculine. Je vous laisse Mesdames le soin de l’exprimer depuis votre point de vue. Les corps masculins ne me parlent pas du tout de la même manière…
Les sens sont nos outils de communication et de survie. De tout temps la Féminité les a éveillés, avec un tel pouvoir que les Hommes en ont peur. D’où cette incessante obsession masculine à maîtriser.
La sensualité est un dialogue appelant à l’éveil, un partage, généreux et parfois secret. C’est un cadeau. Parfois ensorcelant. Il peut être espiègle, avec ou sans but réfléchi, joueur ou franchement séducteur. Mais c’est la manière dont ce message est transmis aux sens qui fait son originalité. Chaque femme offre différemment et chacun reçoit et interprète à sa propre manière ensuite. La sensualité est pour moi touchante lorsqu’elle crée cette délicate « papillonade » dans nos ventres, lorsque le message exprimé reflète nos attentes, notre conception de la Beauté et de l’admiration et que le courant passe. C’est à ce moment là qu’il y a sensualité. Tout autre essai, même bien mené, qui ne contient pas ces critères peut laisser de marbre. C’est donc une notion purement personnelle.
La sensualité est pour moi ce que je montre dans ma photographie. Théoriquement, elle ne devrait toucher que moi. Certains s’y retrouveront. Mais seulement dans certaines photos et pour certains aspects.

Quels sont les photographes qui vous fascinent et/ou vous inspirent ?

J’aime les rêveurs et les gens qui mêlent le réel avec leur vraies peurs ou fantasmes. Les vrais auteurs. J’aime les artistes droits et peut-être classiques aussi. J’aime à la fois les situations improbables ou fabuleuses, comme celles où l’on pourrait juste se croire chez soi. J’ai de fortes admirations pour de nombreux photographes de l’Est. Rigueur et classicisme, couplés à une terrifiante maîtrise de moyens parfois vétustes et anciens, pour un résultat hors du commun, avec cette justesse et cette froideur incisive, même dans les sujets les plus bouillants. J’aimerais prendre mon joker, car il y en a vraiment trop que j’admire de part le monde et j’en découvre chaque jour ! Je ne veux pas me faire mal au cœur en devant inévitablement en laisser de côté.

Comment préparez-vous une séance de prises de vues ?

De deux manières distinctes : soit j’ai en tête un projet précis et je vais alors chercher la modèle qui correspond à mon idéal « en tête » et me permettra alors de rendre ce projet possible –cela peut prendre des mois-, ainsi que les accessoires, lieux, lumières naturelles ou artificielles, voire le choix de la période de l’année.
Ou alors, j’ai le désir de travailler avec une modèle particulière et vais alors tenter de la comprendre au mieux, composer pour et avec elle et savoir dans quelle direction nous allons pouvoir voyager. Je prépare alors un projet plus « sur mesure » pour cette femme.
Dans les deux cas il faut toujours être prêt à immédiatement s’adapter s’il s’agit de la première collaboration.

Quel(s) boîtier(s) utilisez-vous ?

Pentacon6, Pentax 67II, Mockba 5, Kiev 88CM MLU, Contax 645, Plaubel Makina 67, Fujica St 801, Polaroid Land 195, 5D MkII. J’en utilise souvent 3 par séances pour varier les formats mais surtout en relation avec les résultats recherchés et les situations. 95% en argentique depuis presque un an.

Quelle(s) techniques préférez-vous ?

Travailler avec la lumière disponible et sur film.

Comment et pourquoi votre photographie a-t-elle évolué ?

Je suis pris dans un constant besoin de création. Bien évidemment, le fait de travailler à plein temps comme photographe me limite mais je lutte et lutterai corps et âme afin de toujours garder le maximum de plages libres pour mes créations personnelles. Des rencontres, des inspirations, et simplement mes goûts m’ont fait évoluer d’un nu digital et plutôt froid vers un nu argentique, contrasté et dramatique. C’est un chemin vers les émotions plus fortes qui m’attire. Je ne me vois pas être quelqu’un d’autre que moi-même dans mes créations et j’ai toujours eu en horreur les dictats. Que cela soit ceux de la société, de personnes ou de mode. Je pense que cela sera soit ma force, soit ma difficulté dans mon avenir professionnel de photographe. Car je viens de débuter.

Que vous apporte le média Internet ?

Le partage et la rencontre, la diffusion, la communication pour mes projets, la recherche, peu de travail, beaucoup de dépendance pour le maintien de tous ces profils et galeries… C’est à la fois piège et merveille. Aujourd’hui, on pense internet inévitable. Je pense que cela l’est, mais surtout quand on habite au milieu de la campagne comme moi.

Qu'attendez-vous d'un site comme Sensual Photography ?

L’offre des galeries et des sites de diffusion est déjà stratosphérique et ne cesse d’augmenter. Il est donc nécessaire de cibler et de se limiter aux plus pertinents ! Cela est une des raisons pour laquelle Sensual Photography est intéressant pour moi : une ligne artistique qui me parle, une très belle créativité au sein du site (cf. récentes publications, articles, promotion des artistes, amour de l’art). Je pense que je ne pourrais pas demander grand-chose de plus car le suivi et l’investissement de SP sont déjà très grands et uniques. La seule peur serait alors un futur avec un nombre trop important d’artistes représentés qui pourrait limiter les actions et le suivi de SP. Mon attente, si je dois en avoir une, serait alors que SP se batte pour garder cette ligne qualitative et artistique.

Quels sont vos projets ?

Oula…. Rallonger ma vie afin de pouvoir la mener à bien, vivre dans un monde où l‘argent n’est plus une nécessité, se nourrir de l’art.
D’accord… Soyons sérieux. Vivre du côté artistique de ma photographie devient mon projet. Je n’en ai pas encore l’entière réponse sur les moyens, mais j’en connais parfaitement le contenu.
Je prépare activement mes expositions futures. J’organise aussi 4-5 fois par année des petits stages de nu artistique, que je prépare minutieusement.

Que souhaitez-vous ajouter ?

J’aimerais remercier Anya, ma femme. Car j’aurais lâché plus d’une fois sans elle, par vertige. Et c’est là et avec elle aussi qu’est toute mon histoire et celle de ma photographie : côtoyer chaque jour sa beauté et son amour, sa sensualité et sa féminité.

Écrire un message

Saisissez ci-dessous votre message. Attention Fabien Queloz parle français, anglais, allemand ou italien.

Sujet du message *
Message *  
FacebookTwitter Word Press